Œnotourisme en crise viticole : la filière se professionnalise pour tenir

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Dans un contexte viticole français fragilisé par la surproduction, la baisse des prix et la consommation en recul, l’œnotourisme apparaît comme un levier de résilience pour nombre de domaines. En déplacement ce lundi 23 septembre dans le Gers, la ministre déléguée au Tourisme, Nathalie Delattre, a réaffirmé le rôle stratégique de cette activité pour l’avenir du vignoble français. Rencontre avec les acteurs d’un secteur en pleine mutation.

Un secteur viticole sous tension, mais toujours dynamique

Les chiffres de 2024 et les prévisions 2025 confirment les difficultés. Dans le Bordelais, la crise pousse à l’arrachage de vignes, tandis qu’en Languedoc et en Beaujolais, la chute des ventes pèse sur les exploitations. Le vin reste un fleuron, mais le modèle économique historique vacille.

Face à cela, l’œnotourisme — autrefois considéré comme un simple complément — devient une activité stratégique à part entière. Selon Atout France, il représentait déjà 5,4 milliards d’euros de retombées économiques en 2023. Et la demande est là : 12 millions d’œnotouristes, dont 40 % d’étrangers, viennent chaque année explorer les terroirs.

À Saint-Mont, un exemple concret de transition

Le choix de Saint-Mont, bastion viticole du Sud-Ouest, n’est pas anodin. Ici, l’initiative de professionnalisation de l’accueil touristique prend forme avec la création de parcours de visite intégrés, la rénovation de caveaux, la formation des équipes et des partenariats avec des structures hôtelières et culturelles locales.

La coopérative Plaimont, pilier de l’appellation, mise sur une offre immersive : randonnées dans les vignes, ateliers de dégustation commentée, expositions, et bientôt, un pôle oenoculturel avec espace muséographique. L’œnotourisme devient une porte d’entrée vers une économie plus diversifiée et locale.

Professionnalisation : les clés d’un œnotourisme durable

Ce que la ministre est venue saluer, c’est aussi un changement d’approche. Fini l’accueil improvisé ou les horaires aléatoires. Le visiteur attend une expérience structurée, fiable, qualitative. Pour répondre à cette exigence croissante, les domaines s’équipent, forment, innovent.

Atout France, en lien avec les régions, développe depuis 2024 des dispositifs d’accompagnement, avec des formations à l’accueil touristique, des aides à la digitalisation, ou encore à l’obtention de labels (Vignobles & Découvertes, HVE, etc.). L’objectif est clair : monter en gamme et en cohérence sur tout le territoire.

Des retombées locales et une attractivité renforcée

Au-delà de la sphère viticole, cette montée en puissance de l’œnotourisme irrigue l’ensemble de l’économie locale. Hébergements, restauration, artisanat, patrimoine… Le vin devient prétexte à séjour, à exploration et à rencontres. Il attire aussi une clientèle internationale en quête de sens, d’authenticité et de savoir-faire français.

À l’échelle des territoires, cette stratégie répond aussi à des enjeux d’aménagement : valoriser les zones rurales, maintenir une activité agricole durable, faire vivre le patrimoine vivant. L’œnotourisme coche toutes les cases de l’écotourisme du XXIᵉ siècle.

Un virage structurel, pas conjoncturel

La crise actuelle ne sera pas surmontée sans transformations profondes. En ce sens, l’œnotourisme est bien plus qu’un palliatif : c’est une voie de reconfiguration durable de la filière viticole. À condition d’en faire un vrai métier, d’y investir et de penser l’expérience dans sa globalité.